Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L'en vie

15 avril 2008

Le tourbillon

Depuis mon dernier article je me sens porté par une spirale d'actions. Professionnellement, je continue à aller au bureau chaque matin avec le sourire, et à en revenir de même. La différence est que j'ai rarement été autant occupé que ces derniers jours. Mon entreprise n'y est pour rien ; je suis toujours considéré comme improductif et on me laisse végéter dans mon coin. Par contre, coté travail personnel, ça fuse de tous les cotés.

J'ai suivi le premier atelier de formation. Bilan : au delà de mes espérances ; j'y reviendrai plus tard. En parallèle, je négocie pied à pied mon licenciement. Je passe l'épisode " je tourne autour du pot " auquel nous avons joué la DRH et moi. Nous sommes maintenant dans le dur, le vrai, au diable la pudeur : à quel montant serai-je content de m'éclipser ? Pour l'instant ça avance dans le bon sens et le débat pourrait se clôturer prochainement (et avec lui 20 ans de carrière en informatique, pile poil)

En parallèle à tout ça, je gratouille et tripatouille, questionne, prend contact tout azimut pour déterminer de quoi sera fait mon nouveau gagne pain. Le coaching est une chose, en vivre une autre. Aussi je creuse les métiers du recrutement, de la formation et tout ce qui peut m'amener à créer mon activité, en pleine connaissance de cause.

Comme j'ai du mal à arrêter mon cerveau, je travaille avec une collègue de formation à la mise au point d'une nouvelle technique de coaching. On phosphore chacun de notre coté, on échange, et ma foi… on a hâte de tester ! Parce que coté pratique, je ne pensais pas que j'en serais à me poser des questions sur " comment gérer mon planning avec cette activité ". Mes premiers coachings sont en cours, et ma foi, j'aime ça.

Entre temps je renoue des contacts avec d'anciennes relations, d'anciens collègues. Je tisse doucement mon réseau, je crée de nouveaux liens, en ravive d'autres. C'est bon de se sentir porté…

Publicité
3 avril 2008

Il fut un temps…

La semaine dernière j'étais un chef de projet technique, compétent et reconnu. Ma boite mail professionnelle débordait de messages, de questions, de demandes, d'informations sur le projet que je manageais.

A la demande du big boss, lundi j'ai remis officiellement les clés du projet à un jeune prestataire externe avec qui je travaillais depuis quelques mois. Maintenant c'est lui le chef… et moi je ne suis plus rien.

Depuis mardi, je n'ai reçu aucun mail professionnel sauf les communications générales adressées à tous les employés. Mon téléphone n'a pas sonné une fois. Personne n'est venu me demander quoique ce soit.

Il y une semaine j'étais indispensable, aujourd'hui je suis entièrement contournable.

Cette situation je l'ai désirée. Elle est juste prématurée, comme je le disais dans un article précédent. Je ne suis donc pas surpris, et c'est même plutôt bon signe ; lorsqu'on travaille dans une entreprise où tous les coûts sont calculés, un employé qui coûte et ne rapporte rien a son avenir derrière lui.

Aujourd'hui je ressens le contraste. De la pression extrême et des injonctions de la direction (tu es responsable, il faut tenir le planning, il faut limiter les coûts, tu dois t'impliquer dans cette solution, etc…) je suis passé au vide professionnel le plus total. Je vois mes collègues s'agiter, se réunir, planifier, stresser, et j'éprouve un fort sentiment d'inutilité à contempler ma mailbox vide et mon téléphone muet.

Que ce doit être terrible lorsque ceci arrive à quelqu'un qui n'a pas choisi !

En début d'après midi, j'ai revu big boss. Il a convenu tout seul qu'il allait être nécessaire de m'accompagner dans la réussite de mes projets personnels. En clair, l'étape suivante se déroulera avec la DRH, date à planifier.

1 avril 2008

Comment ça arrive

Un jour j'ai pris un train. Près de moi une femme est venue s'asseoir. Pardon pardon, excusez-moi, merci, sourire. On échange deux plaisanteries sur des gamins turbulents au fond du wagon, on continue sur les habituels "vous descendez où ?", et on finit sur "vous faites quoi dans la vie ?".

J'explique à la dame que mon métier m'horripile, mais que je ne sais pas quoi faire. J'ai bien plein d'idées, des caisses, des tonnes, mais rien qui remporte les suffrages de l'adhésion pleine et entière - vous savez, le petit truc qui se passe dans le ventre et qui vous fait jubiler de plaisir : ça y est, je sais, c'est ça que je veux !

La dame m'écoute avec attention, et me lâche tout à trac que son boulot à elle c'est d'aider les gens qui ont des projets et n'arrivent pas à les réaliser. Elle travaille en particulier sur les résistances inconsciente qui empêchent les idées de jaillir, ou pire mettent à bas les plus elles entreprises.

En deux mots j'étais assis près de ma bonne fée.

Nous échangeons nos coordonnées, je descends, elle continue, au revoir, à bientôt. Le lendemain, je repense à l'histoire, et avant de prendre rendez-vous avec elle pour qu'elle m'aide à accoucher de mes idées, je cherche sur internet quel genre de gourou est donc réellement un coach - car c'est ainsi qu'elle s'est présentée à moi.

Bien sûr, je connais le coaching à la M6, du style : vous ne savez pas élever vos enfants, faire votre vaisselle ou aménager votre salon, appelez-moi ! Mais en feuilletant les quelques pages sérieuses qui traitent du sujet je me rends compte que c'est bien autre chose que cette soupe d'audimat.

Et c'est à ce moment là que j'ai ressenti le truc dans le ventre dont je parlais un peu avant. C'est ça que je veux être : coach ! Accompagner les gens dans le changement, les amener à trouver des solutions, à grandir ou à être performants.

C'était vraiment ma bonne fée qui était assise près de moi.

28 mars 2008

Quand tout s'accélère

L'entreprise dans laquelle je travaille a beau être très mal organisée, il était évident qu'un jour mon peu d'entrain à participer allait finir par être visible. Non pas que j'y fais mal mon travail, au contraire. Je suis un bon élément, sérieux et efficace, mais j'ai aussi également tendance à dire ce que je pense. Mes remarques acido-comiques, le congé parental que j'ai pris l'an dernier, mon refus de signer tous les avenants touchant au calcul des primes d'objectif (15 % de mon salaire annuel), mon passage à 80 % et enfin ma demande de congé de formation ont fini par attirer l'attention.

C'est aussi ce que j'espérais. En bon provocateur, j'attendais une réaction.

Elle est arrivée mardi. Mon manager et ami s'est fait mettre sur la touche pour n'avoir pas accepté de plier l'échine devant les dictats stupides et les réorganisations régulières. On l'a donc gentiment prié d'aller voir chez nos clients s'il n'y avait pas un poste à pourvoir qu'il lui conviendrait. La plupart de l'équipe a suivi l'injonction de l'employabilité (cherche toi-même ton poste ou au pire crée le). Malheureusement, un collègue - pardon - un collaborateur de mon équipe et moi-même avons refusé cet état de fait et attendu benoitement que l'entreprise nous donne du travail.

Mardi donc, mon futur-ex-manager avait rendez-vous avec la direction et la DRH pour faire le point sur les deux fortes têtes de la bande. Sorti de là, mon chef-pote m'a dit que j'allais être convoqué à mon tour pour un entretien très prochainement, mais qu'en gros il y a un et un seul poste, et en plus pas trop intéressant. En clair, une chaise bancale pour deux postérieurs. Le corollaire était que si nous ne montrions pas plus d'entrain ni à partir ni à prendre le poste vacant, l'entreprise était disposée à nous aider à partir.

Et ça, ça m'intéresse…

Mon projet ne peut commencer raisonnablement avant la fin de l'année - quoique, sait-on jamais, mais n'anticipons pas. Mon planning initial était de continuer à vivoter dans ma boite jusque la fin d'année pour me laisser terminer ma formation, mettre un peu d'argent de coté et toucher la prime d'objectif, puis me faire licencier histoire de ne pas me mettre en danger en commençant ma nouvelle activité. Partir maintenant - même dans le cadre d'un licenciement - m'amènerait à retrouver rapidement un travail probablement moins bien payé (j'ai été embauché en plein boom informatique, époque bénie où on pouvait négocier de bons salaires et des postes intéressants), mais surtout sans le bénéfice de mon 80 %, la galère pour suivre ma formation, et un job pas forcément plus intéressant duquel je devrai démissionner dans quelques mois pour me lancer.

Dans l'optique où on voudrait se débarrasser de moi très vite, ça me tenterait bien de partir avec quelques mois de salaire ; être payé à rester chez moi et m'occuper de ma famille et de ma formation plutôt que faire le pitre chez une bande de clowns, je pense qu'il n'y a pas photo.

Jeudi prochain je rencontre le boss et la DRH. Il va donc me falloir mesurer leur motivation à me voir dehors. Stratégie envisagée : je reste et n'accepte pas de licenciement " pour rien ", quitte à sortir l'épouvantail des prud'hommes - ils n'ont pas de motif sérieux pour me virer. Dans ce cas je continue sur mon plan initial : partir début 2009. Par contre, s'ils sont motivés à me voir vider les lieux, ils vont discuter.

Et là, il y a probablement une carte à jouer.

20 mars 2008

Quand je serai grand (4)

Après avoir réduit nos charges, notre temps de travail et augmenté notre quantité de bonheur, il me restait à effacer les quelques heures de travail insupportable qui noircissent encore mes semaines.

Je dis souvent que j'aime les gens, surtout les personnes. J'en ai rencontré beaucoup en thérapie, de ces personnes qui se questionnent sur elles, non pas dans une optique nombriliste de " pourquoi ça me fait mal là ? ", mais bien dans un coté humaniste : si je me connais, je suis mieux avec moi mais aussi avec les autres. Combien de fois ai-je ragé en pensant que si mes parents avaient fait une thérapie je n'aurais pas eu besoin d'en faire une ? Les névroses ça ne s'attrape pas, ça se transmet !

Et ces personnes rencontrées au hasard de stages m'ont permis de découvrir une facette de l'humain que je ne soupçonnais pas. Non, je ne suis pas seul à me poser des questions, à souffrir dans le huis clos de mon crâne, à ramer en me demandant pourquoi, comment et pour quoi ?

J'ai eu un moment envie de devenir thérapeute. L'envie d'aider, de comprendre, d'aimer, de faire plaisir, d'être utile. Peut-être aussi une dette à régler ; sans quelques mains qui se sont tendues vers moi, je ne serais pas ici. Si aujourd'hui je suis là, c'est beaucoup grâce à moi, à mon travail, mais aussi grâce à quelques belles personnes qui m'ont poussé, tiré, porté, propulsé, secoué, consolé… parfois tout cela à la fois. Mais devenir thérapeute demandait un engagement trop profond pour moi.

J'ai donc envisagé une foule de métiers autour de mes compétences et de mes envies, avec des prérequis forts : je suis mon propre chef, j'aime ce que je fais, je gère mon temps, je suis responsable de mes réussites et de mes échecs - en gros, l'exact opposé de ce que je fais aujourd'hui.

Publicité
19 mars 2008

Acheter du temps

A l'instar des mouvements qui prônent la " décroissance ", il nous a paru évident qu'il n'était plus possible de continuer à vivre sans changer quelque chose. Nous nous voyions peu, passions notre temps à courir, à gérer, à assembler d'infimes ilots de temps-plaisir au milieu d'océans de temps-contrainte. Organiser un week-end avec des amis devenait un exercice de haute voltige. Entre les travaux à faire dans la maison, les week-ends où Chère et Tendre travaillait, mon planning de cadre très moyen qui me bouffait mon énergie de la semaine, quelques activités sportives ou culturelles, il nous restait à peine le temps de nous reposer.

En septembre nous avons quitté le centre ville de Lyon et migré vers Mâcon où pour quarante pour cent moins cher nous avons un appartement cinquante pour cent plus grand dans un cadre deux cent pour cent plus agréable. Revers de la médaille, j'ai une heure de trajet matin et soir en train et à pieds. Mais cela me permet de lire, me reposer, taper les textes de mon blog, écrire, rêver, écouter de la musique. J'ai donc gagné du temps libre que je remplis à ma guise.

Avec l'argent que nous ne dépensions plus dans un loyer hors de prix, nous avons acheté du temps. Chère et Tendre est passée à soixante six pour cent (elle travaille deux mois sur trois) et moi à quatre vingt : je ne travaille plus le mercredi. Ca fait du temps pour nous, pour notre fille, pour vivre.

Au lieu d'assister aux réunions stupides et faire des travaux sans intérêt, le mercredi je retape notre ermitage - une ruine en granit rosé paumée en haut d'une bosse entre bourgogne et beaujolais, fais du vélo avec ma fille, traine à la médiathèque, affute mon projet professionnel.

Et vous pouvez me croire, on est beaucoup plus heureux maintenant.

18 mars 2008

Quand je serai grand (3)

Un jour j'ai poussé la porte d'un psychothérapeute. Je ne savais pas bien où j'allais, j'avais juste fait confiance à celle qui allait devenir ma femme : " avec ton histoire et même si tu t'en es bien sorti, ce serait important que tu ailles vérifier que tu as bien tout nettoyé… ".

C'était donc dans une optique de " nettoyage de printemps avant vie maritale " que j'allais rencontrer ce monsieur. Je ne savais pas à quoi m'attendre, de toutes façons, j'étais libre, non ? Je me suis donc assis une fois, deux fois, dix fois dans ce fauteuil face à lui. Comme beaucoup je pensais que la thérapie c'était raconter sa vie et que c'était censé faire du bien. Comme je n'étais pas mal, ce n'était pas censé me faire grand-chose, mais bon…

En fait la thérapie - du moins celle que j'ai suivie - c'était bien autre chose. Il y a une foultitude d'école, de courants, de pratiques. Et chaque psy est différent. Il y a en fait autant de thérapie que de thérapeutes. Celui là m'allait bien. Je ne savais pas où il allait, je l'ai laissé faire.

Et un jour on a travaillé sur " le projet de vie ". Le projet de vie c'est faire le bilan de ce qu'on est, de ses savoir faire et savoir être, de ce qu'on aime et déteste, de ce qui nous plait, nous renforce ou nous affaiblit dans notre vie, de ce qu'on aimerait, voudrait, rêverait de changer, de gagner, de faire, tant pour nous que dans notre environnement. Le projet de vie c'est chercher les freins à notre bonheur, de trouver les clés de notre bien être, de faire surgir des compétences qu'on ne soupçonnait pas.

Ce travail qui a duré une année environ (pas à temps complet !) a ancré en moi une envie radicale de changer : je commençais à savoir qui j'étais, je cernais de mieux en mieux ce que je désirais, je mettais à jour progressivement ce qui ferait mon bonheur.

C'est à cette occasion que j'ai décider de me réorienter professionnellement, essentiellement pour garder du temps pour la famille que nous avions décidé de fonder, mais aussi pour donner du sens à ce que je faisais,  un sens autre que simplement gagner de l'argent avec l'objectif d'en gagner plus demain et de remplir toujours mieux les poches des actionnaires de ma boite.

C'est suite à ce travail que nous avons commencé à mettre en place ce qui se déroule aujourd'hui pour moi, pour nous.

17 mars 2008

Ca me travaille

En réalité ce n'est pas de l'inquiétude que je ressens. Je reçois le refus de financement de mon projet comme un jugement : nous ne financerons pas ce projet car il ne nous semble pas viable. Alors que ce qui est écrit c'est : manque de budget.

Ca me plonge dans le doute… Dois-je rester dans ma position actuelle de sécurité - à savoir occuper un poste sans intérêt à faire des choses dénuées de sens, pas trop fatigant (si j'arrive à dépasser le vide stupide dans lequel je suis plongé) et correctement payé - ou plonger dans cette formation et me lancer dans une profession où je serai seul à assumer les difficultés et les inévitables échecs, pour un salaire moitié moins important ?

Y trouverai-je une satisfaction ?

La conseillère du Fongecif était dubitative quant à mon idée. Ma famille, mes amis, mes proches me soutiennent dans mon projet de reconversion. Dois-je prendre ce risque ? Risque de déception, risque d'échec, risque financier, risque de ne pas pouvoir retrouver un poste équivalent à mon poste actuel si ça ne se passe pas bien.

Mais quelle est cette sécurité que je serais prêt à conserver ? Je peux être licencié demain, j'arrive à l'âge critique que les entreprises renâclent à embaucher - trop cher, pas assez souple, pas assez performant, pas assez mobile et paradoxalement trop d'expérience. Je peux me retrouver demain sans autre choix que d'accepter un poste encore plus déprimant qui n'aura même pas l'avantage d'être correctement payé. Je risque de continuer ainsi, encore une bonne vingtaine d'année à subir l'entreprise, le chef, le planning, les réunions, les engagements bidons, les non-promesses, les contraintes, le vide.

A la place de ça, je peux choisir ma vie. Faire ce que je veux de mon travail. L'orienter de telle ou telle manière. Me spécialiser, ou généraliser. Travailler à Lyon ou Marseille, Brest ou Strasbourg. Je peux voir ma baisse inévitable de revenu comme du plaisir que j'achète. Après tout, ne suis-je pas capable de payer pour des loisirs ? Pourquoi n'accepterais-je pas de payer pour être libre ?

14 mars 2008

Quand je serai grand (2)

J'ai donc décidé de faire autre chose. Mais après vingt ans tout rond d'informatique, se reconvertir est une magnifique idée, trouver la voie est un peu plus ardu - mais j'en parlerai une autre fois. Disons que j'ai trouvé cette voie, avec un peu de hasard et beaucoup de questions.

Maintenant que je sais ce que je veux faire mais que je ne sais pas encore le faire, il me faut apprendre. J'ai donc cherché la formation de mes rêves. Bien entendu cette dernière n'est pas gratuite ce qui m'a amené à déposer une demande de financement au Fongecif. Réunion d'information, entretien individuel, dossier employeur, dossier organisme de formation, dossier personnel, ne pas oublier la signature là, là et là, déposer le tout avant le 12 février pour passer en commission en mars, et hop, résultat des courses… recalé pour manque de budget.

La pilule a un peu de mal à passer. La formation est chère, et même si le paiement peut être échelonné, j'aurais apprécié un financement partiel. En tout cas, ce refus n'entame pas ma motivation. Il ajoute juste un peu d'inquiétude quant à mon budget formation-début d'activité. Un peu d'inquiétude et de risque.

13 mars 2008

Quand je serai grand

Quand je serai grand, je serai pompier. Non, agent secret. Non, pilote de ligne…

Finalement je suis informaticien. Vous savez ces gens qu’on embauchait à tour de bras dans les années 80 parce que l’informatique allait tout changer dans l’entreprise. Des gens qui avaient cette curieuse affinité avec les machines, qui tapaient des lignes de commandes ésotériques sur des écrans à peine plus sexys qu’une télé de la décennie précédente.

Ces gens qui parlaient en termes barbares, apprenaient des langages dits naturels, ces gens qui pouvaient passer des heures à se crever les yeux pour essayer de faire fonctionner un programme dont personne ne comprenait l’utilité.

Puis il y a eu l’âge d’or, le progrès technique fulgurant. Un exemple ? En 86 je travaillais dans une grande entreprise qui avait un service informatique conséquent qui avait acquis à prix d’or une merveille de la technique : un disque dur de 4 giga octets. C’était le premier à être installé en France, il était contenu dans un meuble de la taille et du poids d’une machine à laver industrielle, et les patrons de tous les services informatiques de France et de Navarre se pressaient dans notre salle machine pour admirer cette merveille de la miniaturisation et du progrès.

Vingt ans plus tard, j’ai 4 Go dans mon appareil photo.

Alors les informaticiens, on leur a demandé de s’adapter, de se former, se reformer, de penser grand, de penser petit, d’être mobiles, d’être polyvalents, d’être spécialisés, d’être disponibles, d’être d’astreinte, d’être responsables, d’être productifs, d’être clairs, d’être efficaces, d’être tout ça à la fois, tout, son contraire, et surtout l’inverse.

J’ai aimé mon métier, passionnément. J’ai aimé faire partie de la génération de ceux qui ont tout créé, tout testé, tout inventé, tout installé. J’ai aimé être consulté par les directeurs de ceci-cela qui me demandaient ce qu’ils devaient investir pour améliorer leur informatique, leur productivité, leur performance. J’ai aimé donner ma caution technique à des choix d’entreprise, accompagner les changements, faire « que ça marche ».

Mais une telle révolution à un coût, alors les gestionnaires s’en sont mêlés. Aujourd’hui l’informatique est sous le joug des directeurs financiers. Ils achètent au plus bas, compressent les délais, les coûts et les hommes, mettent en production à la date dite pour satisfaire l’actionnaire méfiant et s’arrangent pour maquiller les gouffres financiers de maintenance de la solution bancale qui a été mise en œuvre à bas prix.

L’informatique aujourd’hui dans les grandes entreprises ? C’est d’abord établir un budget, trouver des fournisseurs, choisir le moins cher avec ou sans l’avis technique, tirer encore les prix, établir un planning, le compresser, tenir la date en embauchant une armée de sous-traitants et être responsable des foirages inévitables.

Alors quand je serai grand, je voudrai faire autre chose…

Publicité
1 2 > >>
Publicité